- Jean-Pierre : Dans quel arrondissement de Paris se trouve le Parthenon ?
- Joueur : 5 ème
- Jean-Pierre : C’est votre dernier mot ?
La culture, c’est comme ça, quand on ne connaît pas la réponse, la question parait très difficile, alors que si l’on sait, elle parait évidente. C’est ce qu’on pourrait appeler l’”effet contraste”. Mais avant de continuer, voyons un peu les différentes réponses que le joueur aurait pu donner : - comme ici, il a pu choisir un arrondissement au hasard (mais il doit pour cela connaître le nombre d’arrondissements parisiens, pour ne pas répondre 32 ème !) - s’il est complexé par son incompétence, il peut tenter une réponse astucieuse comme par exemple “A quoi bon connaître l’arrondissement, du moment qu’on sait qu’il se trouve à Paris !”. Le joueur tentant ainsi de relativiser son inculture en prétendant connaître un minimum de choses… Évidemment, ce n’est pas possible, soit on sait soit on ne sait pas. - la moins ridicule des réponses n’est-elle pas simplement d’avouer quand on ne connaît pas la réponse ?
Enfin, il peut donner la bonne réponse - Le Parthenon ne se trouve pas à Paris.
Mais pourquoi parler de réponse ridicule ?
C’est le contraste entre la bonne réponse et toutes les réponses fausses qui nous fait parfois porter un jugement incorrect sur la bêtise de nos interlocuteurs. Il est facile et rapide de porter un jugement méprisant envers quelqu’un n’ayant pas les mêmes références culturelles que nous. Et il est même amusant de remarquer que ce mépris est souvent réciproque, chacun mesurant la bêtise de l’autre avec son propre référentiel.
S’il est donc risqué de juger une personne sur la connaissance culturelle, il est encore plus risqué de la juger sur une seule question. Dans l’exemple ci-dessus, le joueur est peut-être une personne très cultivée mais un peu dure d’oreille. Elle pourrait avoir entendu Pantheon au lieu de Parthenon et avoir finalement fait montre d’une bonne connaissance de la géographie parisienne.
J’ai donné ici un exemple culturel dans le domaine de l’histoire et de la géographie, mais j’aurais pu choisir l’orthographe (qui fait souvent passer des gens très bien pour des imbéciles), ou encore les techniques de développement logiciel.
On retrouve effectivement cet “effet contraste” en développement logiciel, quand on aborde le sujet des Design Patterns. Ce sujet est souvent une source d’angoisse pour les développeurs. L’apprentissage des Design Patterns n’est pas une étape facile. Il faut beaucoup de temps et d’entrainement pour les assimiler. Par contre, une fois maîtrisées elles permettent un gain de productivité important. A la lecture d’un code utilisant un pattern, le développeur instruit à cette technique n’aura besoin que de quelques secondes pour comprendre l’architecture, alors que le novice aura beaucoup plus de mal à lire le code qu’il trouvera “bizarrement embrouillé”. De même, lors d’un travail de conception en binôme, les deux interlocuteurs communiqueront plus facilement s’ils connaissent tous les deux les Design Patterns ou si aucun des deux ne les connaît.
Les Design Patterns divisent le monde en deux “clans” qui ont bien du mal à travailler ensemble sur le même code.
Faut-il en conclure que nous serions plus heureux sans les Design Pattern ?
Serions-nous plus heureux sans l’orthographe ou l’Histoire-Géo ? Non évidemment. La culture est une marque de qualité individuelle et ne pas maîtriser certains domaines est une forme d’imbécilité (sans jugement de valeur).